dimanche 20 mai 2012

Ode à la très belle Hélène... Grimaud!







Hélène Grimaud... Tout un poème! Mon mot préféré de langue de Jean-Baptiste Poquelin lui convient parfaitement.

Hélène Grimaud est une jeune française, une pianiste de talent, un écrivain et une défenseuse de la cause animale. Elle est belle, naturellement blonde et artificiellement brune, intelligente, pétillante... Elle n'a pas hésité à s'exiler très jeune aux Etats-Unis pour mieux perfectionner son art, le piano et s'épanouir. 

J'aime la musique classique, les opéras surtout - quand j'habitais à Paris, à Toulouse ou à Bruxelles, j'allais fréquemment à l'Opéra, Garnier surtout pour y voir des ballets. Malgré les multiples tentatives de ma mère et voulant atteindre la grâce de ma soeur aînée, j'ai suivi, comme beaucoup de petites filles je crois, des cours de danse classique. Mais j'étais une véritable catastrophe! Je n'avais pas le rythme, j'étais très souple mais je n'avais aucune grâce... A mon grand désespoir :( Venant d'une famille très bretonnante, je n'ai pas échappé aux sacro saints courts de danse et musique bretonnes. J'étais jeune, j'avais 9 ans. Je voulais faire plaisir à mon père qui était à la tête de l'Association culturelle bretonne de La Baule. Mais j'y allais à reculons. Je n'aimais pas le rythme de la musique bretonne sur lequel nous dansions, j'étais gauche... Je vous parle d'une époque où Alan Stivell, Dan Ar Braz et Carlos Nunez n'étaient pas les stars du monde celtique d'aujourd'hui.. Avec Tri Yann, ils étaient les "potes" de mes parents :) Quelques années plus tard, vers l'âge de 12 ans, j'ai suivi des cours de musique bretonne mais je n'avais toujours aucun talent. Et il fallait bien-sûr passer par les cases solfège et flûte à bec avant de pouvoir approcher le vrai instrument. Pas motivée pour un sous, mais devant l'insistance de mon père, à 12 ans, on a conclu un deal : je m'inscrivais au cours et m'engageais à être assidue toute l'année contre LA raquette de tennis de mes rêves et des cours pour passer mon brevet de pilote privé! J'avais 12 ans, il a cédé! Je vous rassure, travaillant pour un grand groupe aéronautique, il avait des prix avec son CE! Mais, j'ai gardé de ce premier trafic d'influence une petite leçon sur les hommes, on peut aisément les manipuler :). Les cours de musique n'ont duré qu'un an, je n'y trouvais aucun intérêt, mon professeur s'ennuyait, je n'avais pas d'affinités avec la musique bretonne que je trouvais très répétitive. Il n'y a que 5 notes dans cette musique ce qui peut donner l'illusion d'une répétition. Et puis, je me suis mise à jouer sérieusement au tennis avec des victoires significatives aux niveau départemental, régional et national. En plus de mes heures de cours, j'avais 2 heures de tennis tous les soirs, des matches et des compétitions le week-end et pendant les vacances. 
La page danse et musique celtiques était tournée - mon père faisait son deuil - je n'ai retrouvé les délices de cette musique qu'une dizaine d'années plus tard, lors d'une Nuit celtique au Stade de France. Les voix et les musiques cristallines de Sinead O'Connor et de Carlos Nunez m'ont mise dans un état second...Ont suivis les festivals de Lorient, j'ai assisté à des concerts exceptionnels. 

Et je pense particulièrement à Sinead O'Connor, It's all good


Ou  à ce morceau de Carlos Nunez joué au Stade de France en 2006, j'y étais!



Mais, étant très sensible à la magie des notes, j'ai découvert, parfois par hasard des morceaux de musique classique qui m'ont mise dans un état quasi mystique. Je pense à Vivaldi, les quatre saisons, le Printemps surtout; Wagner, l'Ouverture en Tannhauser, Bach, Aria (l'ouverture en ré majeur)... Ne riez pas, j'ai retrouvé ce sublime morceau de Bach grâce à une pub Lancôme, Ô Oui! "oui, la vie, oui à l'amour". Et puis des films sur le piano et les pianistes comme La Leçon de Piano ou Shine m'ont fait redécouvrir des classiques comme Nulle in munde pax sincera et Gloria de Vivaldi. Gloria est d'ailleurs le morceau que j'ai pris l'habitude d'écouter le dimanche matin lors de mon petit-dej que j'accompagne d'un thé grand cru.

Le clip vidéo de la publicité Ô oui de Lancôme. Tout y est, la fraîcheur des acteurs, le décor, la musique et ce parfum si frais que j'ai un temps porté. 






Et puis, un peu par hasard, en regardant Ardisson un samedi soir de décembre, j'ai vu et entendu la sublimissime Hélène Grimaud. Elle était invitée à l'occasion de la sortie de son livre, Variations sauvages. Je ne peux l'expliquer, un coup de foudre, une alchimie... J'ai adoré sa voix, son jeu avec les mots de la langue française qu'elle maîtrise tant malgré son expatriation, sa répartie... J'ai tout de suite eu envie d'acheter son livre. Chose faite le lendemain matin au Virgin des Champs Elysées. 
Hélène Grimaud a tout de la jeune femme à qui les bonnes fées auraient tout donné : beauté, talent, richesse et un destin artistique d'exception. 




Hélène Grimaud est une jeune pianiste française qui s'est un temps exilée outre-atlantique pour se trouver et parfaire son art. Née en 1969 à Aix en Provence, Elle a quelques difficultés à s'adapter au monde scolaire français et se comporte parfois comme une adulte quand elle n'a pas de crise mystique qui inquiète ses parents.  Très tôt, Hélène montre ses talents de génie au piano. Elle est belle, elle est forte, elle a du génie mais elle a ses failles secrètes, son mal de vivre et ses élans brisés. 
Longtemps elle s'est singularisée par une inadaptation chronique au monde qui l'entoure, s'ennuyant fermement à l'école et dans la petite ville d'Aix en Provence à laquelle elle mettra du temps à trouver du charme. Très vite, la jeune fille unique d'intellectuels de bonne volonté issus d'une une famille bourgeoise, va souffrir. Son mal-être va être tel qu'elle va s'auto-mutiler, retournant contre elle-même une colère qu'elle n'arrive pas à cerner ou cherchant à meurtrir un double enseveli dans une douleur sans larme et sans parole. Elle est turbulente, "agitée de l'intérieur, trop pleine d'énergie mentale", associale et fuyant les enfants de son âge qu'elle qualifie de "stupides, méchants et cruels". Rien n'apaise la jeune fillette : ni la danse classique, ni les arts martiaux. Lors d'une classe d'éveil, elle rencontre un piano. Instinctivement l'enfant pressent que cet instrument la contiendra, à tous les sens du terme. 

Elle n'hésitera pas à écrire : "C'est la musique qui m'a sauvée. Je n'étais même pas douée. Mais j'avais pour la première fois une sensation de délivrance, d'évasion. Peu m'importait au fond qu'il s'agisse du piano. J'étais plutôt attirée par le violoncelle. Mais ma seule angoisse était que ce tourbillon nouveau s'arrête un jour". 









A l'âge de 13 ans, elle est reçue première à l'unanimité au Conservatoire de Paris. Elle étonne ses contemporains, les surprend. Très vite, on commence à parler de cette drôle de fille secrète, indocile et précoce qui agace et fascine tout à la fois. Malgré une précocité certaine, Hélène refuse de brûler les étapes. Elle avance à son rythme avec la fougue d'une jeunesse qui trouve dans le répertoire romantique son exutoire. Elle idolâtre Schuman qui devient son frère de souffrance, elle explore infatigablement Brahms dont elle aime les emportements et les flambées crépusculaires. Elle joue à l'énergie jusque dans l'excès. Elle a un tempérament fou mais elle respecte la partition à laquelle elle insuffle une fluidité rare. Elle est le contraire de ces virtuoses sans âme que sont devenus les concertistes professionnels, formés à la rude école de la rivalité et des concours. Sa simplicité et sa fraîcheur d'approche de la musique lui ont attiré la sympathie des plus grands qui se bousculent pour faire de la musique avec elle. 

Si elle entretient des relations particulières avec ses maîtres, vite elle se lasse du microcosme parisien, et décide de s'exiler aux Etats-Unis. Elle parle alors très mal la langue de Shakespeare, elle avoue avoir visionné un nombre incalculable de cassettes vidéo de films anglais et américains afin d'acquérir le vocabulaire, l'accent et la grammaire. Elle se décide à quitter la sécurité qu'offre la France à ses meilleurs talents pour s'installer en Floride. Là, elle y retrouvera l'inspiration et fera une rencontre qui la marquera à jamais : celle d'une louve apprivoisée. A la mort de son maître, elle va s'en occuper et étudier le comportement de cet animal qui fait encore peur, son histoire, les mythes qui lui sont liés. Elle va même jusqu'à fonder un centre pour les loups dans l'Etat de New York en haut d'une colline du Connecticut. Elle obtient des grades universitaires de comportementaliste et d'éthologue et est à la tête d'un grand centre de bénévoles et de volontaires. Quand elle n'est pas en tournée mondiale, elle consacre la plupart de son temps au Centre. 

Hélène s'enflamme pour justifier sa passion pour le seul prédateur rivalisant avec l'homme. Dans les sociétés anciennes, de Romulus et Rémus à Gengis Khan, en passant par les tribus indiennes, le loup fut un modèle avant de devenir la face féroce de l'inconscient humain, à exterminer coûte que coûte. Surtout que depuis deux mille ans naquit "l'agneau de Dieu". 
Les loups ont aidé la pianiste à se reconstruire en lui créant des obligations de présence. Elle ne s'absente jamais plus de 10 jours et n'accepte pas n'importe quel concert. Elle puise une force nouvelle dans son contact viscéral avec la nature qui relativise les faux-semblants de la vie d'artiste. Elle va jusqu'à affirmer que ces animaux l'ont réconciliée avec le genre humain, tant elle s'émerveille des classes d'enfants qui défilent chez elle, dénués de tout a priori. Entre piano et loup, elle resurgit encore plus forte pour des concerts tout en énergie où chaque oeuvre, au lieu d'être noyée dans une opulence sonore envahissante, est cernée, condensée au plus profond de sa pulsation vitale. Elle offre ses doutes comme ses certitudes. Elle se livre et s'abandonne dans des tensions aiguës, rarement apaisées. Très physique, remuante, elle a conscience de parfois provoquer un malaise en concert : "Si je ne projette aucune charge émotionnelle, autant rester chez moi".  Le concert est pour elle réussi lorsque l'oeuvre l'a visitée, à travers différents niveaux de conscience. Elle peut s'y engloutir au point de peiner pour regagner les rives du réel. Parfois, une autre elle-même la regarde au-dessus du piano.  Elle dira même : "Avez-vous remarqué comme le public ne tousse jamais durant les fortissimi au concert, mais durant les pianissimi? Comme si une émotion mise à nue devenait intolérable. Cela me fait songer aux gens qui rient aux enterrements pour évacuer l'insoutenable". 


Le livre qu'elle fait paraître en 2003, Variations sauvages, est un hymne vibrant à la musique et à la liberté, un plaidoyer pour la reconnaissance des loups et la sauvegarde de la nature. "Un petit traité d'insoumission à l'usage de tous les enfants terribles". 


"Je n'ai aucune nostalgie de l'enfance". Dès les premiers mots, Hélène Grimaud donne le ton de son étonnant récit. L'histoire de cette pianiste française de renommée internationale emprunte mille chemins buissonniers.  On la suit, de seuil en seuil, à travers son adolescence prodige, sa rupture avec le milieu parisien, son exil aux Etats-Unis, les doutes et la solitude à New York - jusqu'à cette nuit où son regard croise celui d'Alawa, la louve, d'où viendra la renaissance. Eloge des mains, bestiaire fantastique, contes mystérieux, profils inattendus d'artistes et de musiciens dessinent le fil de ce livre dont l'éclat des facettes forme le portrait unique d'une rebelle absolue. 

Quelques extraits : 
"On s'intéresse de plus en plus aux  facultés psy dont certaines personnes sont douées. ce sixième sens, cette intuition, qui permettrait à certains de pressentir l'avenir, de deviner les pensées d'autrui, de saisir les liens secrets entre la mort et la vie. Est-ce parce que rien n'a perverti leur caractère? Beaucoup d'animaux ont manifesté les mêmes facultés. Et l'Histoire fourmille de ces cas. 
Ainsi, Louis XI avait racheté à son maître l'âne Brunot qui prédisait la pluie et le beau temps. Les poissons rouges de l'Empereur du Japon lui signalèrent, en 1923, par leur comportement frénétique, puis en se jetant hors de leur bocal, l'imminence d'un séisme. Les chiens de Hiroshima ont hurlé tous ensemble, à la mort, quelques heures avant l'arrivée des bombardiers. 
(...) Pendant des semaines, le chat de Winston Churchill ne quitte pas le lit, où, malade, son maître attend l'amélioration que les médecins lui on prédite. La guérison est déclarée imminente.Quelques heures plus tard, le chat pousse un miaulement terrible et, bondissant, se me à fuir la chambre. Churchill meurt le lendemain. 
Agacé par les gémissements permanents de son caniche Baron, Victor Hugo en fait cadeau à son ami le Marquis de Faletans qui partait en poste à Moscou. Le diplomate adopte le chien et, régulièrement, transmet de ses nouvelles à l'écrivain. Jusqu'où jour où Baron disparaît. Malgré les avis de recherche et les promesses de récompense, personne ne le retrouve. Quelques mois plus tard, Baron, maigre, les pattes en sang, grattait à la porte du domicile de Victor Hugo. Il avait parcouru quatre mille kilomètres pour retrouver son maître...
Et que dire de Mohilov, le chien du duc d'Enghien qu'il faut entraîner de force loin de son maître, emmené, pour y être exécuté dans les fossés de Vincennes? Dès qu'il est relâché, le chien court à perdre haleine, trouve seul le chemin du cimetière et, en gémissant, il se couche sur la tombe du duc. Sans doute u serait-il mort si un ami du duc d'Enghien n'avait stipulé, pas voie testamentaire, qu'on prenne soin de son fidèle, du plus fidèle de ses compagnons..."


Ni autobiographie d'artiste, ni traité d'interprétation, ni pures réflexions sur l'expérience musicale, l'ouvrage de l'ancienne élève de Pierre Barbizet, se caractérise par un mélange des genres évident et par une dimension littéraire voire fictionnelle. 
L'entremêlement des discours est l'élément le plus manifeste du récit : la pianiste voit dans cette alternance de souvenirs personnels, de considérations générales sur la musique et d'anecdotes ou d'exposés sur le monde animal, en particulier celui des loups, un phénomène d'oxygénation interne au récit, un chapitre étant la respiration de l'autre, comme si raconter ou penser l'essoufflait trop vite, comme si elle avait besoin de reprendre, de passer rapidement à autre chose pour ne pas se trouver trop prisonnière de sa narration, emballée comme un cheval au galop. Les chapitres respirent entre eux mais font également respirer la plume de l'écrivain et le lecteur lui-même. Mais ce dernier peut avoir le souffle coupé : le passage de certains chapitres à d'autres produit un effet saisissant de contraste. Les dosages de continuité comme le cadre topologique, la chronologie ou l'association d'idées et de discontinuité assurent l'unité du livre qui n'est qu'en apparence disloqué. Cela sera confirmé par le progressif estompement des frontières entre les 3 types du propos : au fur et à mesure que la petite Hélène grandit, la musique et sa vie, puis les loups et sa vie, coïncident de plus en plus. 
Cette façon de ciseler le discours n'est pas sans incidences sur sa nature elle-même, et la forme semble préférer le fond, fondant ainsi la littérarité de l'ouvrage. Il y a tout d'abord certaines références littéraires ou parodies plus ou moins délibérées comme ces clins d'oeil à Marcel Pagnol ("ma mère ne manquait jamais de m'instruire"), à Marcel Proust ("longtemps je n'ai pu m'endormir que dans l'ivresse du vide") à Rimbaud ("J'avais presque 17 ans. N'étais-je pas sérieuse?") ou à Céline avec une arrivée à New York qui n'est pas sans évoquer celle de Bardamu, non pas stylistiquement mais thématiquement. 
La persistance du discours enfantin dans le discours rétrospectif au début du livre permet à l'auteur de manier les changements de focalisation avec habileté et naturel. Ainsi quand Hélène parle des enfants de son âge ("je les trouvais lamentables. Je me sentais absolument différente d'eux. Et je l'étais, n'est-ce pas?"), c'est à la fois la petite fille qui parle et la jeune femme d'une trentaine d'années. 
Mais au-delà des qualités littéraires, le texte de Variations sauvages présente également des aspects fictionnels inattendus. C'est l'entrecroisement qui le fait pré-sentir : "Adulte, j'adorais m'infliger d'autres épreuves". Hélène en vient ici à parler d'elle avec un tel recul que cet adulte, qu'elle est bien évidemment encore, et non pas qu'elle était, se conjugue comme adulte, au passé, comme si elle survolait une histoire sienne et autre à la fois. Viennent d'autres éléments de fiction telle la rencontre avec Dennis dont le portrait se fait à la description de la première rencontre, au crépuscule - entre chien et loup! Hélène fait de Dennis un personnage pittoresque et romanesque, de ceux que l'on ne s'imaginerait pas rencontrer dans la rue. Il est aussi entouré de mystère : "Je scrutais sa silhouette dans l'obscurité (...). Par instants, les verres de ses lunettes lançaient de petits éclats dans la nuit". La mort réelle de cette personne la fait d'autant plus appartenir au livre seul, lui donne le statut d'être de papier, d'être qui revient à la vie par la littérature. Et c'est la façon de le présenter au sein du récit qui est à l'origine de cet effet de dé-réalisation, de fiction. Dennis est, avant son apparition, l'homme dont on parle, celui dont l'existence est d'abord rapportée, annoncée comme celle d'un héros de roman qui ne vit que dans la langage. La familiarité instinctive et immédiate avec la louve aura également cet effet de fiction dans un sentiment diffus; elle est décrite comme si elle n'avait pas été vécue mais rêvée par une enfant, moment de grâce qui n'appartient pas à la réalité mais à l'imaginaire. 


Ce livre est merveilleusement bien écrit. Petite anecdote, "Grimaud" signifie en vieux français,  "mauvais écrivain". Hélène nous parle avec passion des loups, de la musique, de ses doutes, de ses envies, de ses folies. Je le dévore dans la journée, j'ai du mal à le fermer lorsque j'arrive à ma station de métro. Je souligne les passages les plus beaux. J'aime son écriture. Elle me donne envie d'achever mes travaux universitaires!

Quelques critiques à propos de Variations sauvages : 
" Une passionnante autobiographie beaucoup plus romanesque que la plupart des romans de l'année". Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche
"Hélène Grimaud a cette simplicité dénuée d'affection qu'envient sans l'atteindre tant d'auteurs". Renaud Machard, Le monde
"Un récit fascinant par sa richesse d'émotion". Bertrand Leclair, La Quinzaine littéraire.

J'aime beaucoup le piano mais je ne connais pas ses interprétations qui sont parait-il si singulières. J'achète les jours suivants la plupart de ces cds. Quel bonheur! 





Quelques années plus tard, la très belle jeune femme blonde se teint les cheveux en noir jais. Elle est ambivalente en ce sens qu'elle ne cache pas  ses fragilités et s'impose en même temps, à un si jeune âge, comme la pianiste prodige que l'Europe se cherchait. A travers ce changement capillaire, elle veut exprimer la dureté des évènements qui la hantent, elle veut quitter son image d'icône aux cheveux d'or.  

Elle écrit alors Leçons particulières, sur le modèle d'un conte philosophique initiatique. Conservant son même génie pour les mots, elle nous interroge sur nos doutes, sur les moyens que nous avons pour élever notre âme, pour définir la passion, voire, l'amour. Son ouvrage est un triple voyage : un voyage en Italie dont elle nous fait partager les beautés, un voyage initiatique jalonné de rencontres avec de curieux personnages qui la renseignent sur le sens de la vie, un voyage intérieur enfin. Au terme de sa quête, elle va chercher à montrer comment retrouver le chemin du bonheur, ou comment unir, dans la même ferveur, la musique, le monde sauvage et une passion absolue pour l'existence. 

Dans Leçons particulières, le lecteur suit l'artiste dans un voyage propice à la réflexion. Hélène s'interroge sur les causes d'une tristesse qui l'habite depuis quelques temps et cette fuite hors de son quotidien chargé, est l'occasion pour elle de se ressourcer et de se retrouver. Le point de départ de son escapade se situe à New York, puis on parcourt Venise, Assise, Côme et enfin Hambourg, ces lieux imprégnés des musiciens qu'elle admire. 
Hélène décrit les paysages d'une plume enthousiaste et passionnée. Au gré des rencontres et des lieux, rejaillissent des souvenirs, on découvre l'artiste dans ses introspections et on partage ses considérations sur la peinture, la musique, la littérature et la mythologie auxquelles elle fait référence. 
Pour Hélène, il existe des "liens secrets entre les êtres et le monde". Et difficile de croire au hasard, tant son voyage est ponctué de rencontres énigmatiques et saisissantes. Ces dernières viennent toutes éclairer l'artiste sur sa façon d'appréhender la musique, la liberté, l'amour ou encore le bonheur. 
Le voyage prend l'allure d'un conte initiatique; les personnages rencontrés, mi fictifs, mi réels comme le professeur, Béatrice, le jeune homme, le vieillard ou encore Hans apparaissent comme des clés indiquant la direction à suivre. 

Plus qu'une simple autobiographie, ce sont avant tout des "leçons particulières" qu'Hélène veut transmettre à son lecteur. Comme elle le dit si bien, "tout est stérile si rien n'est donné". Ce livre ouvre un espace à la méditation, son enthousiasme est palpable, son énergie contagieuse et elle arrive à nous communiquer une véritable émotion. On s'interroge avec Hélène sur la passion, le bonheur, le rapport à l'autre et on clôt le livre, le sourire aux lèvres, certain de s'être enrichi. 


Quelques extraits : 

"Lorsqu'on part, on n'abandonne pas ses pensées dans une consigne. Même au bout du monde, aux antipodes et aux tropiques, on reste toujours prisonnier de ses angoisses. L'enfer ce n'est jamais les autres; l'enfer c'est soi-même : la seule personne à laquelle on ne peut échapper". 
"Croire en la vie, c'est croire en sa puissance. Pour pénétrer cette puissance, libérons-nous de toutes les superstitions, du mal tragique qui consiste, à tout prix, à vouloir être aimé, reconnu, applaudi... et donc à haïr. La puissance de la vie, c'est l'élan vital de l'autre, la capacité de l'aimer, de l'admirer sans vouloir exercer sur lui un quelconque pouvoir". 

"Je me suis réveillée affamée... Pour n'avoir plus mangé depuis des lustres, j'avais faim de terres, de continents, d'orages, de tumultes. 
Un appétit dévorant de parfums me tenaillait le ventre - sel sur la peau, résine des grands sapins noirs, herbe en tendresse fauchée au printemps. J'avais envie de mordre la chaire crue d'un poisson, de déployer mon ouïe dans la symphonie du monde, de regarder pour voir vraiment et m'éblouir de lumière, de plonger mes mains dans la terre chaude et la gueule humide des loups. 
Retourner au monde qui roule et qui mugit". 


La belle Hélène a quitté les Etats-Unis il y a quelques années. 
"J"ai d'abord habité Berlin, une ville que j'aime depuis toujours. Mais le grand air me manquait, alors, il y a un an, j'ai décidé d'aller vivre en Suisse, entre Zurich et Lucerne, dans une ferme avec une vue sublime sur le lac d'Aegeri. J'habite dans la dernière ferme en haut de la colline, très loin de tout. Il y a des vaches. Je me réveille de nouveau en pleine nature. Je ne veux pas qu'on me dise que j'ai "abandonné" mes loups! Non, le centre que j'ai créé aux Etats-Unis marche très bien. 27 loups y vivent et il doit recevoir encore 3 couples reproducteurs ce mois-ci. Mais c'était le moment pour moi de partir : il fallait que je le laisse comme les mères laissent partir leur enfant, un jour, quand celui-ci devient grand. J'avais toujours plus à faire, je n'avais plus assez d'heures dans mes journées. Sans compter que j'ai vécu 11 ans avec quelqu'un, qu'il y a eu une rupture et que cette histoire-là est finie. Et surtout, je voulais me consacrer plus exclusivement au piano. J'avais la sensation de ne pas rendre assez justice à la musique qui m'a tant apportée". 
Elle Magazine, novembre 2007. 

Elle est malheureusement absente des salles de concert depuis quelques temps. Elle a toujours été très honnête quant ses difficultés liées à la complexité de sa psyché. Elle a fait état d'une maladie grave dont elle tait la nature. Gardons lui le respect qu'on lui doit. Loin des scènes et des paillettes, elle a adopté il y a plusieurs années déjà 2 enfants originaires de pays très défavorisés. 

Et puis, sa musique gravée sur des cds la rend encore plus vivante dans nos contrées. La majesté de sa musique la pardonne de ses absences physiques, des ses annulations de concerts. La maladie ne lui enlèvera en aucun cas sa beauté. Blonde ou brune, elle est l'égérie de marques les plus prestigieuses les unes que les autres : 







J'espère que cette ode à l'une de mes pianistes préférées aiguisera votre curiosité. N'hésitez pas à partager  les émotions que vous avez pu ressentir à la lecture d'un texte, l'écoute d'une musique, la vue d'un tableau, le visionnage d'un film...


11 commentaires:

  1. "Variations sauvages" est un lvre que j ai emprunté à ma mamie et que j ai dévoré en 1 journée .
    Je découvre via ton article son parcours et je vais vite écouter les vidéos misent sur ton article mais dès demain car je n ai pas d'écouteurs et mon plus jeune fils dort sur le canapé à côté de moi ^^
    Bises

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  2. Coucou Cicirena!
    Merci infiniment d'avoir laissé un commentaire. Je suis très touchée. J'adore Hélène Grimaud et je voulais vous faire partager ma passion à travers ce post.
    Cela ne m'étonne pas que tu aies dévoré le livre en 1 journée! je l'ai relu plusieurs fois, je l'<3<3<3
    Des bisous ma belle!

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  3. magnifique ... quel belle femme et quel talent !

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  4. Coucou!! je connais Hélène Grimaud de nom uniquement mais c'est une immense artiste. Je la trouve également superbe. Tu m'as donné envie de lire un de ses ouvrages. C'est un très bel article que tu as écrit là. Je suis très sensible à la musique. Serait-ce parce que je porte le prénom de la patronne des musiciens? J'ai des goûts très éclectiques et j'aime beaucoup la musique classique, notamment Bach. A ce propos Bruckner écrivait dans "Les Voleurs de Beauté" (livre magnifique au demeurant) "qui a dit de Bach qu'il est la seule preuve sérieuse de l'existence de Dieu". Il y une part de divin dans cette musique et lorsque j'écoute les Variations Goldberg, je suis transportée. En ce moment je (re)découvre John Fogerty, un autre style bien sûr, mais j'adore. Je crois que je vais me pencher davantage sur Hélène Grimaud, tant sur le plan musical que sur ses oeuvres littéraires. Je suis une lectrice compulsive et au risque de décevoir la prof de français que tu es, je suis une addict des polars, et ce depuis ma plus tendre enfance (ah les "Fantômette" et autre "Club des Cinq"!) et à peine ai-je terminé un roman que j'en attaque un autre, d'autant que j'ai une bonne vingtaine de livres d'avance à lire... Alors finalement un de plus sur ma pile ne m'effraie nullement !
    Je n'ai pas pris le temps ce soir d'écouter les vidéos, mais je te promets de revenir le faire!
    merci pour cet très bel hommage à une talentueuse pianiste.

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  5. Merci beaucoup Alexia et Pamme!
    @Pamme : je note les citations, je les trouve très belles! Et je ne suis pas prof de français, je ne vous aurais pas imposé un commentaire composé de ces 2 livres, je suis prof d'HISTOIRE!!
    Si je dois te conseiller un livre, choisis le 1er, Variations sauvages. on comprend bien le 2e si l'on a lu le 1er.
    et je vais aller écouter les Variations Goldberg! Merci de me faire partager tes émotions!
    Belle soirée <3

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  6. Oups... mais pourquoi me suis-je mis dans la tête que tu étais, outre prof d'histoire, également prof de français?! (sans doute que certains de mes profs cumulaient ces deux casquettes!).

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  7. Je ne la connais pas, elle me parait simple.C'est une beauté naturelle!
    Ps: moi aussi ,j'ai été mise a rude épreuve par les cours de danse classique! et la danse bretonne aussi, alors que je me plaisais mieux à manger des crêpes !

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  8. Quel parcours!
    On dirait qu'il existe des gens comme ça au destin extraordinare...

    Moi je suis plutôt musées que musique, même si j'aime m'intéresser à tout.
    En tout cas article très intéressant, j'ai eu de la chance que mes parents ne me forcent à rien, je crois que j'aurait été trèèès rebelle sinon!!

    PS: elle est mieux en blonde!

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  9. J'ai enfin lu cet article ! Je l'avais en marque page mais je voulais pouvoir le lire posément. Je ne suis pas déçue. C'est un très beau portrait pour une très belle personne. Je sais ce qu'il me reste à faire. Acheter ses deux livres que tu m'as donné envie de lire.
    Merci pour cette découverte. Je la trouve fascinante !

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  10. oh, comme je suis touchée! merci beaucoup!
    l'idéal est que tu commences par le 1er livre, Variations sauvages. tu peux le trouver sur www.priceminister.com c'est un site de ventes d'objets d'occasion entre particulier. je l'ai acheté pour quelqu'un qui m'est cher récemment et je l'ai payé 0,9€!! si tu veux, je peux te parrainer, tu auras 7€ de bienvenue à dépenser sur le site. n'hésite pas à me donner ton mail. Tu vas adorer j'en suis sûre!

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  11. Eh bien c'est mon tour ... Je suis nerveuse ! et heureuse de découvrir une jeune femme de talent pas encore rencontrée ni écoutée, ce qui n'aurait jamais pu se passer il y a cent ans, quand il fallait plus qu'être là
    et l'avoir lu pour saisir une sensation de quelqu'un qui serait resté/e inconnu/e, méconnu/e de l'autre . ..
    Je partage ce départ des Etats Unis , où j'ai dû retourner trop de fois avant d'y laisser ce que j'aime le plus au monde, et d'avoir à la fois sauvée ma vie en quittant ce monde sans passion véritable.
    Je lirai donc son livre et reviendrai peut-être plus tard. Elle devrait être si reconnaissante d'avoir pû être elle-même et d'avoir reçu tous les appuis pour s'accomplir tandis que tant d'autres n'ont pû et du n'être qu'autre chose qu' eux-mêmes par ce manque ultime du seul soutien humain qui nous fait devenir et être . . . .
    Elisa DEUXANGES msdsconsulting@gmail.com Ce 3 Novembre 20 12 Vendôme France

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Merci pour votre commentaire. J'y réponds très vite!
Belle journée <3