Il y a quelques jours, à la réponse de l'envoi de l'invitation pour notre mariage civil - si je vous gave avec cet événement, n'hésitez pas à me le dire gentiment (!!) - j'ai reçu de la part d'une de mes tantes et d'un de mes oncles une adorable carte déclinant malheureusement l'invitation. Y furent ajoutés des vœux de bonheur, très lisses, bien polis et, une dernière phrase qui ne cesse de me faire cogiter : "Sincères salutations". Dans le cadre d'une telle invitation et d'un tel événement familial, cela m'a choquée. "Sincères salutations", c'est le genre de forme de politesse que j'écris à des administrations ; c'est rapide, concis et plus que très banal. Je fus d'autant plus surprise que seuls quelques membres de ma famille sont conviés à l'union civile que M et moi avons voulu ultra intime. Sur mes quinze oncles et tantes maternels et paternels, je n'en avais invité que quatre. Je les avais "sélectionnés" selon mon degré de proximité avec ces deux grandes familles qui ne sont, ni l'une, ni l'autre, pas très unies. Les histoires d'héritage et de partages des biens ne se sont pas toujours bien passés, des rancœurs entre frères et sœurs, mes oncles et tantes, se sont réveillées. Je le savais, j'en ai souffert malgré la distance que j'ai très vite prise vis à vis de mes proches de sang et c'est sûrement la raison pour laquelle je n'ai pas hésité à m'expatrier, aussi loin que possible, autant pour mes études que pour mon travail.
Je suis totalement consciente que je prends certains risques à exprimer, sur ce blog qui se veut avant tout futile et dans la bonne humeur, mes griefs.
Depuis la réception de cette carte, cette formule de politesse "Sincères salutations" à laquelle je n'avais d'ailleurs à la première lecture pas réellement porté attention, ne cesse de me hanter. C'est une de mes tantes dont j'ai longtemps été la plus proche qui a rédigé ces deux mots qui, eux, ne passent pas. Je suis très cérébrale, je cogite beaucoup et selon moi chaque mot ou ensemble de mots ont leur signification propres, bien à eux, et ils ne sont pas anodins.
Que signifie donc cette formule "Sincères salutations"? Ce n'est qu'une formule de politesse et en aucun cas, chaleureuse. C'est comme si ma tante me disait "c'est très gentil" avec un sourire qui ne cacherait en rien une réelle et certaine hypocrisie. Je l'imagine comme volontaire, comme quelque chose de foncièrement irrespectueux. Je n'y vois que des effets néfastes sous une forme apparemment édulcorée. Tout comme les compliments, je ressens cette formule de politesse bien banale comme loin d'être honnête. Cela me rappelle la flatterie qui constitue une technique de base de la manipulation des autres. Jean de La Fontaine l'a très bien montré dans la fable "le Corbeau et le Renard". Ce sens hypocrite de la flatterie ne date pas de la fameuse fable, Socrate dénonçait et rapportait déjà à l'époque antique que l'hypocrisie consistait à agir et parler en feignant la naïveté. La politesse est un mode de communication, elle ne concerne que la forme employée, mais le respect concerne le fond et l'essence même du message communiqué n'a aucun rapport avec sa forme.
Cette formule, "Sincères salutations", ma mère l'utilisait quand elle voulait justifier une de mes absences scolaires à l'administration. Tel l'Etat, je l'apparente au plus froid des monstres froids. Je suis très attachée aux règles de politesse, elles ont été ancrées dans mon éducation mais je les adapte à la personne qui les liront. Dans la petite carte qui accompagnait le faire-part, j'avais signé "Mille baisers". Je ne m'attendais pas à une telle expression d'émotions et de sentiments en retour ; la distance et les événements ont fait que je n'ai vu ni mon oncle, ni ma tante depuis un peu plus de cinq ans. Malgré tout, nous avions gardé un contact téléphonique et électronique même s'ils étaient juste courtois et adaptés aux circonstances de politesse élémentaire.
Je ne suis pas très proche de ma famille de sang. Les aléas de la vie, les comportements de certains m'ont choquée et, comme je vous le disais un peu plus haut, mes exils à l'étranger m'ont protégée de ce genre de famille qu'on préfère éviter. Ma tante et mon oncle, anciens hauts fonctionnaires et diplomates connaissent bien les règles de bien-séance et le protocole épistolaire. Lorsque je m'adresse à mon ancien directeur de thèse, jamais je n'imaginerai terminer une correspondance par "Sincères salutations". C'est un très grand ponte de l'Université française. Même si nous avons travaillé ensemble plus d'une dizaine d'années, je l'ai toujours appelé "Professeur" et lui "Mademoiselle". Pour la petite histoire, lorsque j'ai reçu une carte de vœux avec un très agréable "Chère amie", j'ai eu du mal à m'en remettre! Sur l'enveloppe, j'écrivais "Monsieur le Professeur..." et quand je m'adresse à lui, que ce soient par voie épistolaire ou électronique, je commence toujours par "Cher Professeur". Loin de moi l'idée de conclure telle ou telle communication par une formule banale et insipide ; j'en fais peut-être trop mais je termine toujours nos correspondances par "Cher Professeur, je vous prie de croire en l'expression de mes sentiments respectueux" ou quelque chose du même style. Cela est peut-être pompeux mais tout à fait adapté à la personnalité et au talent hors du commun de mon ancien directeur de thèse.
Dans la réponse de ma tante et de mon oncle, je ne m'attendais pas à un déferlement d'émotions. L'été passé, leur fils, mon cousin s'est remarié et je ne l'ai appris qu'à Noël dernier. Certes, je ne suis pas H24 à prendre des nouvelles de ma famille mais, une petite annonce, même s'il désirait se re-marier en comité très restreint, aurait été bienvenue. Bref, ceci est une tout autre histoire.
Ce qui me rend encore plus triste est le fait que j'avais demandé à mon oncle d'être mon témoin à la Mairie. Il était au courant du mariage alors que seuls mes parents étaient dans la confidence - là, la communication s'est très bien faite (!!) - et m'a rapidement répondu au téléphone qu'il ne pouvait me donner de réponse, ne connaissant pas encore son planning de vacances de retraité ;)! Finalement, deux mois pus tard, lorsqu'il fut remplir le dossier destiné à l'Etat civil, je n'avais toujours pas eu de ses nouvelles. J'ai pris le parti de choisir un de mes plus chers cousins. Je fus très surprise que mon oncle, au téléphone, ne me pose aucune question sur l'heureux élu, notre rencontre ou autre. Ce ne fut pas le cas de mon autre oncle qui lui avait du mal à contenir sa joie et à m'exprimer un nombre fou de sentiments tous plus touchants les uns que les autres. Je fus bombardée de questions et cela m'a énormément touchée. Au final, je regrettais amèrement mon premier appel et ma première demande. L'on ne choisit pas les témoins de son mariage, même s'il s'agit pour certains d'une simple "union administrative", au hasard. Mon choix était mûrement réfléchi. Adolescente et jeune adulte, j'ai longtemps été très proche de cette tante et de cet oncle aux "Salutations distinguées", les prenant pour des modèles que je cherchais à imiter. L'un était diplomate, l'autre professeur de Lettres, très cultivés, avaient un nombre fou de connaissances, et étaient en adoration devant leur fils unique, un golden boy qui a plus que bien réussi sa vie. A 15 ans et demi, je rêvais de suivre leurs pas dans les plus hautes sphères de la représentation française à l'étranger. Mes parents étant scientifiques et bien loin des mondanités inhérentes aux fonctions de ma tante et de mon oncle, ils me voyaient ingénieur et n'avaient qu'une très vague idée du cursus Sciences-Po/ENA auquel, dans mes rêves les plus fous, je me destinais.
Je ne sais trop comment terminer ce post, ne voulant vous accabler de mes griefs. Ecrire fait beaucoup de bien, cela permet d'évacuer un poids trop lourd à garder. J'ai bien conscience que ce post ultra intime bien loin de la beauté mais plutôt des catégories Famille ou Humeurs d'Hellocoton ne va pas rester pour certaines médisantes lettre morte. Et oui, la blondinette frivole a également ses états d'âme! Je prends des risques à les exposer sur la toile, à la vue de tous les curieux, de ceux et surtout de celles qui me stalkent à souhait et qui ne manqueront pas de relever ces confidences. Si des commentaires désobligeants apparaissaient, même si je supprimais ce post, je sais que certaines feront des captures d'écran. Quelle pauvre vie, je vous plains chères suiveuses pseudo anonymes.
Je souhaite vraiment ne pas vous avoir ennuyé avec mes petites histoires. Vider mon sac me tenait à cœur. Un poids de moins dans une période où je suis un peu - c'est un doux euphémisme - à fleur de peau! On m'a très souvent dit que j'étais beaucoup trop cérébrale, qu'il me fallait cesser de disséquer les moindres mots, faits et gestes d'autrui. Enfant, et jeune adolescente, mon médecin a cru dépister chez moi un syndrome de sur-activité. Je n'ai heureusement jamais été sous prescription de Ritanol ou autres drogues légales de ce genre ne souffrant pas de déficit de l'attention. Cette cérébralité hors norme m'apporte de très nombreux atouts - j'ai une mémoire d'éléphant et je peux aisément faire très bien plusieurs choses en même temps - mais, à force de penser, cogiter, analyser les situations, envisager différents scenari, mon cerveau est en permanente activité et il aurait peut-être besoin de se reposer! C'est la raison pour laquelle, tous les ans dans la mesure du possible, je pars en Floride décompresser cet organisme ultra sollicité au quotidien. Il y a de très belles choses dans cet Etat à voir, admirer et visiter mais quand j'y vais, je me force à n'y avoir aucune obligation ou emploi du temps. Je profite de la plage et de la piscine trois semaines durant, un livre et mon ipod toutefois jamais loin!
xoxo